Pandémie

Risques Naturels

Pandémie

Préparé par le CEMEC — Centre européen pour la médecine de catastrophe, San-Marin & le comité de rédaction

Le risque biologique est un terme qui désigne le fait que des agents biologiques — y compris des micro-organismes pathogènes, des virus, des spores de toxines, des champignons et des vecteurs ou transmetteurs de maladies tels que l’homme lui-même, les animaux et les plantes — ont la capacité de provoquer des maladies.

Ces sources peuvent générer divers effets négatifs sur la santé, allant d’irritations épidermiques et d’allergies aux infections et aux maladies mortelles. Avec la pandémie actuelle de « nouvelle maladie à coronavirus » ou COVID-19, nous sommes actuellement confrontés à l’un des problèmes de santé les plus graves que le monde n’ait jamais connu. Les experts en santé publique estiment que l’humanité est plus exposée que jamais à des épidémies de grande ampleur et à des pandémies mondiales. Les épidémies semblent se propager plus rapidement et plus loin que jamais. Des foyers auparavant localisés peuvent maintenant se transformer en pandémie très rapidement en raison d’une série de facteurs tels que la croissance démographique et la mondialisation, ainsi que le changement climatique. Les répercussions directes des pandémies sur la santé peuvent être catastrophiques du point de vue de la santé publique, mais aussi du bien-être économique et social, et avoir des répercussions psychologiques considérables. Des plans de prévention des pandémies devraient être appliqués dans le monde entier.

La surveillance des maladies reste l’un des plus grands enjeux scientifiques ; prévenir les pandémies en investissant dans la recherche et en analysant les circonstances sous-jacentes aux flambées épidémiques peut sauver des milliers de vies.

Ce médaillon saisissant — composé de sceptres recourbés — évoque la nature sinistre du risque biologique dans la mesure où lesdits sceptres recouvrent un symbole rond, mais sont eux-mêmes pointus et aiguisés.

Événements pandémiques récents.

Le présent document décrit quelques exemples de pandémies. Par le passé, les pandémies étaient surtout alimentées par des bactéries (peste, choléra, etc.), alors que depuis le XXe siècle, les principales pandémies sont alimentées par des virus, en particulier des virus de la grippe.

Les craintes des autorités sanitaires mondiales portent principalement sur les virus de la grippe, car de nouvelles pandémies apparaissent régulièrement tous les 20 à 40 ans, en corrélation avec les mélanges antigéniques continus de virus de la grippe animale (porcine, aviaire) et humaine. Cette recombinaison génétique continue peut également engendrer chez l’homme des souches très agressives caractérisées par une transmission interhumaine rapide favorisée par un système immunitaire d’autant plus inactif face au nouveau virus qu’il n’a jamais rencontré cette souche particulière auparavant. Le site web BeSafeNet devrait permettre de mieux comprendre l’occurrence, les caractéristiques et l’impact des risques biologiques : un thème qui mérite d’être abordé dans les établissements scolaires.

Grippe espagnole de 1918

Au cours du XXe siècle, la grippe espagnole a touché un tiers de la population mondiale. Son bilan est particulièrement grave : entre 50 et 100 millions de personnes auraient perdu la vie et cette pandémie a entraîné des conséquences sociales et économiques qui ont perduré pendant plusieurs  générations.

Grippe espagnole, service hospitalier à San Francisco en 1918, 20 à 50 millions de personnes sont décédées. Source : Getty Images

SARS 2002-2003

Le SARS (acronyme de l’anglais Severe Acute Respiratory Syndrome parfois traduit en français par SRAS ou Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) est une forme atypique de pneumonie causée par un coronavirus responsable d’une épidémie ayant sévi en Extrême-Orient entre 2002 et 2003 et causé plusieurs centaines de décès. Grâce à l’isolement du virus, un vaccin a pu être rapidement mis au point et des traitements efficaces ont permis de contenir la propagation de la maladie. Le médecin Italien qui l’a découvert, Carlo Urbani, est entré dans l’histoire de la médecine comme l’homme qui a été le premier à identifier la maladie et qui a payé cette découverte de sa vie.

Ebola 2014

En 2014, le virus Ebola a frappé trois pays africains (Guinée, Liberia et Sierra Leone) et six autres pays sur trois continents, suscitant une vive inquiétude dans le monde entier.

Makoua, Congo, 27 septembre 2013 : Un panneau avertit les visiteurs que la région est infectée par le virus Ebola et Source : Getty Images

Zika 2015

En 2015, le virus Zika — transmis par le moustique Aedes Aegypti — a déclenché une vague de microcéphalies au Brésil, causant de terribles dommages au cerveau pendant le stade embryonnaire, avant de se propager dans plus de 70 pays dans le monde.

Des virologistes montrent le vaccin contre le virus Zika au cours d’un essai clinique basé sur l’ADN. Source : Getty Images

Grippe

En dehors des exemples historiques, la pandémie « moderne » la plus manifeste est la grippe qui survient, à une fréquence plus ou moins annuelle, presque simultanément dans des zones réparties entre plusieurs continents. Parmi les autres exemples de pandémies actuelles, on peut citer le VIH/sida (depuis 1981) et la COVID-19 (depuis 2019).

SARS-CoV2 2019

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré une pandémie due au nouveau coronavirus 2019-nCoV, baptisé plus tard SARS-CoV2, lequel provoque la COVID-19 (co pour coronavirus, vi pour Virus, D pour disease [maladie en anglais] et 19 pour 2019). Ce virus a été isolé chez l’homme pour la première fois fin 2019 à Wuhan en Chine. Un médecin de Wuhan, Li Wenliang, a été le premier à donner l’alerte sur un nouveau coronavirus, mais il n’a pas été suffisamment entendu et a même ensuite été accusé par la police chinoise de répandre de fausses nouvelles. Après avoir contracté lui-même la COVID-19 un mois plus tard, il est décédé à l’âge très jeune de 34 ans. À l’heure actuelle (vers la fin de 2020), environ 29,5 millions de personnes ont été infectées dans le monde et près de 900 000 sont décédées. Par ordre décroissant, les pays qui comptent le plus grand nombre de victimes sont les États-Unis, le Brésil, le Royaume-Uni, puis l’Italie qui a été le premier pays européen à être confronté au virus. La maladie COVID-19 est souvent spontanément résolutive et provoque uniquement des symptômes de type grippal ; elle peut cependant se révéler mortelle, car elle est susceptible d’entraîner une pneumonie avec syndrome respiratoire aigu et vascularite disséminée chez des sujets souffrant d’une maladie antérieure, immunodéprimés et âgés. L’évolution de la maladie chez les enfants est spontanément résolutive et ressemble à celle d’un simple rhume. Il n’existe actuellement aucun traitement efficace contre la COVID-19 et la thérapie consiste essentiellement à administrer des médicaments antiviraux de soutien tels que ceux utilisés dans le traitement du VIH/sida, de la chloroquine ou des immunomodulateurs. La prophylaxie vaccinale semble être la stratégie la plus prometteuse pour pouvoir vaincre le coronavirus, contre lequel il n’existe toujours pas de thérapie efficace.

La menace d’une épidémie mondiale appelée « pandémie » constitue l’un des problèmes de santé les plus importants auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Une pandémie est une maladie infectieuse épidémique qui se propage rapidement dans plusieurs régions du monde, touchant un très grand nombre de personnes. Selon la définition de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), une pandémie est déclarée dès lors qu’une nouvelle maladie se propage dans le monde entier et touche au moins deux continents. Lorsque ce terme désigne des maladies ou des conditions contagieuses, le risque est de voir l’ensemble de la population développer la maladie après avoir été exposée à l’agent pathogène. Ces maladies sont causées par des agents biologiques émergents ou ré-émergents. L’analyse de l’historique des épidémies causées par ces agents et des tendances révélées par les données épidémiologiques peut aider à mieux identifier les risques connexes pour l’ensemble de la population et à sauver des vies.

Tous les termes relatifs aux maladies infectieuses ne revêtent pas un sens identique, même si l’on a souvent tendance à les utiliser à tort de manière interchangeable. La distinction entre les mots « pandémie », « épidémie » et « endémie » donne régulièrement lieu à des erreurs.

Une épidémie est une maladie qui touche un grand nombre de personnes au sein d’une collectivité, d’une population ou d’une région. Une pandémie est une épidémie qui s’étend sur plusieurs pays ou continents. Le terme « flambée épidémique » désigne une augmentation plus importante que prévu du nombre de cas endémiques, mais parfois aussi un cas isolé dans une nouvelle région. Une flambée n’étant pas rapidement maîtrisée peut se transformer en épidémie.

 

Le terme « endémie » désigne une maladie constamment ou habituellement présente dans une région ; le paludisme, par exemple, est endémique dans certaines parties de l’Afrique.

Quelle est la différence entre épidémie et endémie ?

Une épidémie est souvent localisée dans une région, mais le nombre de personnes infectées dans cette région est sensiblement plus élevé que la normale. Par exemple, tant que la COVID-19 sévissait uniquement à Wuhan en Chine, il s’agissait d’une épidémie. La propagation géographique l’a transformée en pandémie.

 

Une pandémie est une épidémie mondiale. Elle diffère d’une épidémie ou d’une flambée épidémique parce qu’elle :

  • touche une zone géographique plus large s’étendant souvent à plusieurs continents ;
  • infecte un plus grand nombre de personnes qu’une épidémie ;
  • est souvent causée par un nouveau virus ou une nouvelle souche de virus n’ayant pas circulé depuis longtemps chez les êtres humains lesquels sont généralement peu ou pas immunisés contre lui ; le virus se propage rapidement de personne à personne dans le monde entier ;
  • provoque un nombre de décès beaucoup plus élevé qu’une épidémie ;

génère souvent des perturbations sociales, des pertes économiques et de sérieuses difficultés

Lors d’une épidémie de maladie infectieuse humaine, le nombre de personnes touchées varie en fonction de la maladie, du lieu, de la taille de la population sensible et de l’environnement ; la propagation universelle et la transformation résultante en pandémie constituent le pire risque. Les agents biologiques peuvent être transmis par ingestion (avalement accidentel ou contact main-bouche), par inhalation, par des rapports sexuels, par les membranes des yeux ou par contact avec une peau éraflée. Pour que la maladie se développe, il faut donc un nombre suffisant de micro-organismes pathogènes pour vaincre les défenses de l’organisme. Ce nombre diffère d’un agent pathogène à l’autre et les doses infectieuses pour certains agents pathogènes demeurent d’autant plus inconnues qu’elles peuvent varier en fonction de la prédisposition elle-même liée à des facteurs métaboliques environnementaux ou humains.

Au XXIe siècle, les épidémies semblent se propager plus rapidement et plus loin qu’auparavant. Des flambées épidémiques jadis localisées peuvent maintenant devenir très rapidement des pandémies en raison d’une série de facteurs : croissance démographique, urbanisation galopante, demande accrue de protéines animales, déplacements plus nombreux et connectivité entre les centres de population, perte d’habitat, changement climatique, etc. Confrontés à une population mondiale estimée à 9,7 milliards d’habitants d’ici 2050 et à une augmentation constante des voyages et des échanges commerciaux, les systèmes de santé publique auront moins de temps pour détecter et contenir une pandémie avant qu’elle ne se propage.

Les experts de santé publique estiment que nous courons désormais un plus grand risque de connaître des épidémies à grande échelle et des pandémies mondiales.

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Facteurs influençant l’apparition d’une maladie infectieuse. Source : Di Munno, CEMEC.

Mondialisation : la mobilité élevée et intensive des personnes, due à la multiplication des voyages et des déplacements internationaux, entraîne une propagation rapide des infections. Ainsi, un individu volant d’un bout à l’autre de la planète peut amener avec lui une nouvelle maladie dans son lieu de destination en quelques heures avant même de présenter des symptômes.

Croissance démographique : à mesure que la population augmente, les besoins en terres et en logements augmentent également. L’homme investit des territoires, comme les forêts, précédemment inhabités. La conquête de nouveaux territoires entraîne le contact avec de nouveaux animaux et, inévitablement, de nouvelles infections. Nombreux sont les pays affectés dans lesquelles la faiblesse du système de soins de santé existant empêche un accès efficace aux interventions sanitaires, à la prévention des infections et aux pratiques de contrôle. La migration est également responsable du risque accru d’infection. Des millions de personnes — confrontées à de multiples urgences humanitaires, fuyant les troubles civils, l’instabilité politique, les conflits, les guerres et les catastrophes naturelles — ont été arrachées à leur foyer et sont devenues des réfugiés, des demandeurs d’asile ou des migrants économiques ; elles finissent par vivre dans la promiscuité, devenant ainsi particulièrement vulnérables aux maladies. Les conflits et les guerres mentionnés ci-dessus ne provoquent pas seulement des pertes humaines et des déplacements de population civile ; ils détruisent les installations de soins de santé exactement au moment et à l’endroit où ces structures s’avèrent le plus nécessaires.

Sicile, Italie — Femmes africaines dans un camp de réfugiés. Source : Getty Images

Au cours des dernières décennies, de nouvelles maladies infectieuses ont été identifiées et certaines maladies bien connues sont réapparues. La combinaison de l’utilisation abusive des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire, de la résistance à ces substances ainsi que de la mutation génétique des agents biologiques a provoqué un nouveau problème croissant rapidement, à savoir la propagation mondiale des infections. Les virus sont des agents infectieux plus susceptibles de générer des pandémies, car ils sont plus aptes à s’adapter et à passer d’une espèce à l’autre.

Des changements potentiellement dangereux affectent également l’utilisation des terres, les pratiques agricoles (comme la déforestation) et la production alimentaire (comme les marchés de volailles et d’animaux vivants), avec une demande croissante de viande pour la consommation humaine. Ce phénomène, à son tour, entraîne un contact accru entre les hommes et les animaux sauvages et la transmission de zoonoses (une maladie du sommeil causée par le parasite Trypanosoma brucei rhodesiense ou Trypanosoma brucei gambiense pouvant passer de l’animal à l’homme).

São Paulo, Brésil. Quartier populaire accroché à une colline par une journée froide et nuageuse.

Des preuves continuent d’apparaître selon lesquelles le changement climatique entraîne un nombre croissant de vagues de chaleur et d’inondations, autant de phénomènes propices aux maladies d’origine hydrique comme le choléra et aux vecteurs de maladies tels que les moustiques qui gagnent de nouvelles régions.

Forêt amazonienne, Brésil — pratique du brûlé destiné à dégager de nouvelles pâtures. Source : Getty Images

Les maladies infectieuses ne respectent pas les frontières, et une pandémie est par définition une maladie infectieuse épidémique se propageant rapidement dans plusieurs régions du monde, même s’il est établi que les nouveaux foyers commencent généralement en Asie ou en Afrique. La plupart des nouvelles pandémies ont pour origine la transmission « zoonotique » d’agents pathogènes des animaux à l’homme. Les zoonoses provenant d’animaux domestiques se concentrent dans les zones ayant des systèmes de production agricole et animale intensifs et extensifs et des marchés d’animaux vivants.

Les concentrations denses de population, en particulier dans les centres urbains, peuvent servir de foyers de transmission des maladies et accélérer la propagation des agents pathogènes. En outre, les inégalités sociales, la pauvreté, la malnutrition et les déficits caloriques affaiblissent le système immunitaire des individus, tandis que des facteurs environnementaux — tels que le manque d’eau potable et d’installations sanitaires adéquates — amplifient les taux de transmission et augmentent la morbidité et la mortalité. Un changement sans précédent de la population humaine avec une urbanisation rapide est l’une des raisons pour lesquelles davantage de maladies trouvent leur origine en Asie et en Afrique, où vivent déjà 60 % de la population mondiale. Une migration de cette ampleur signifie que les terres forestières sont détruites pour créer des zones résidentielles. Les animaux sauvages, contraints de se rapprocher des villes, rencontrent inévitablement les animaux domestiques et la population humaine. Les animaux sauvages abritent souvent des virus ; les chauves-souris, par exemple, peuvent en transporter des centaines. Les virus, qui sautent d’une espèce à l’autre, peuvent finalement infecter l’homme. À terme, l’urbanisation extrême devient un cercle vicieux : l’augmentation du nombre de personnes entraîne une déforestation accrue, et l’expansion humaine et la perte d’habitat finissent par tuer les prédateurs, y compris ceux qui se nourrissent des rongeurs responsables de zoonoses.

Sur ces deux continents (à savoir l’Asie et l’Afrique), de nombreuses familles dépendent de l’agriculture et d’un minuscule stock de bétail. La lutte contre les maladies, la fourniture d’aliments complémentaires et l’hébergement de ces animaux sont extrêmement limités.

Sur les continents asiatique et africain, de nombreuses familles dépendent de l’agriculture de subsistance et d’un minuscule cheptel de bétail. Le contrôle sanitaire, l’alimentation complémentaire et les conditions d’hébergement de ces animaux sont très médiocres.

Bangkok, Thaïlande, 7 mai 2020 – Poulets vivants en vente au marché de Khlong Toei. Source : Getty Images.

L’impact direct des pandémies sur la santé peut être catastrophique sur le plan de la mortalité et de la morbidité ; par exemple, la pandémie de VIH/sida a tué plus de 35 millions de personnes depuis 1981.

Les pandémies peuvent entraîner l’effondrement des systèmes de santé et leurs effets indirects sur la santé peuvent accroître encore les taux de morbidité et de mortalité. Les facteurs d’impact indirect sur la santé comprennent le détournement ou l’épuisement des ressources utilisées pour fournir des soins de routine et la diminution de l’accès aux soins de routine, ce qui entraîne de nouveaux décès. Les pandémies sont une catastrophe non seulement en matière de santé publique, mais aussi de bien-être économique et social. Les mesures sanitaires mises en œuvre pour endiguer la pandémie, notamment le confinement complet, ainsi que la suspension des activités professionnelles, des déplacements et du commerce, débouchent sur une crise mondiale ayant des répercussions à long terme.

Les pandémies ont également un impact psychologique important, car elles sont anxiogènes, génèrent un sentiment de panique et d’incertitude et entraînent une stigmatisation des personnes contractant la maladie ou venant de zones contaminées.

Les pandémies peuvent non seulement causer des dommages considérables, mais aussi affecter la croissance économique à long terme. Les impacts négatifs sur la croissance économique sont directement liés à l’attrition de la main-d’œuvre causées par la maladie et la mortalité et indirectement aux nombreux changements de comportement mus par la peur. La réduction de la demande causée par un comportement aversif (comme le fait d’éviter les voyages, les restaurants et les espaces publics, ainsi que l’absentéisme sur le lieu de travail) dépasse l’impact économique de la morbidité directe et de l’absentéisme lié à la mortalité.

Au cours d’une grave pandémie, tous les secteurs de l’économie — agriculture, industrie de transformation et services — sont confrontés à des perturbations qui peuvent entraîner des pénuries, des hausses rapides des prix des produits de base et un stress économique pour les entreprises privées et les gouvernements.

Les faits montrent que les épidémies et les pandémies peuvent avoir des conséquences sociales et politiques importantes en suscitant des affrontements entre l’État et les citoyens, en érodant les capacités des pouvoirs publics, en provoquant des déplacements de population et en aggravant les tensions sociales et la discrimination, en particulier dans les États fragiles ayant hérité d’un climat de violence et d’institutions déficientes.

Les flambées épidémiques de maladies infectieuses à grande échelle ont un lourd impact social direct. Par exemple, la panique générale qui s’empare du public lors d’une flambée épidémique peut entraîner une migration rapide des populations, ou la stigmatisation de groupes sociaux déjà vulnérables comme les minorités ethniques, jugés responsables de la maladie et de ses conséquences.

Effets des pandémies. Source : Di Munno, CEMEC.

Les pandémies surviennent lorsque l’agent infectieux échappe aux mesures de contrôle mises en place par les autorités sanitaires pour le contenir, entraînant l’effondrement du système de santé. L’afflux soudain d’un grand nombre de malades dans les établissements de santé sollicite d’autant plus les capacités et les ressources des systèmes que ces dernières sont déjà rares. Lorsqu’une épidémie apparaît et se propage, elle attire inévitablement l’attention de la plupart des intervenants du secteur de la santé et monopolise la majeure partie des ressources humaines et financières du système sanitaire, ainsi que les équipements et technologies médicaux. Les personnes, les efforts et les équipements de santé se concentrent sur la réponse à l’urgence. Cette situation conduit souvent à négliger les services de santé essentiels fournis sur une base régulière. Les personnes souffrant de problèmes de santé sans rapport avec l’épidémie ont plus de mal à accéder aux services de soins. Certaines peuvent en mourir si la perturbation submerge le système de santé. Le taux de mortalité d’autres maladies pour lesquelles les personnes ne peuvent plus se faire soigner risque d’augmenter. De plus, les structures de soins de santé, et notamment les services d’urgence, peuvent devenir des plaques tournantes de la transmission. Si les mesures de prévention et de contrôle ne sont pas correctement mises en œuvre dans lesdites structures, de nombreuses personnes risquent d’être contaminées sur place.

 

Les structures dispensant des soins de santé et les services d’urgence des hôpitaux étant généralement surchargés, le manque de prévention et de contrôle des infections — reposant notamment sur un triage, un isolement et d’autres mesures de précaution — peut atteindre un seuil critique. Les travailleurs de la santé en première ligne peuvent eux-mêmes être infectés et mourir. Dans les pays affectés par une pénurie de personnel sanitaire, la perte de plusieurs travailleurs de santé supplémentaires fragilise encore plus le système médical.

Un médecin épuisé pourtant une combinaison de protection contre le coronavirus. Source : Getty Images

Le comportement humain jouant un rôle important dans la propagation des maladies infectieuses, la compréhension de son influence sur cette propagation peut s’avérer essentielle pour améliorer les mesures prophylactiques. Ce comportement se fonde sur des attitudes, des systèmes de croyances, des opinions et la conscience d’une maladie, tous facteurs considérés comme déterminants pour limiter la contagion.

La communication joue un rôle important dans la lutte contre une épidémie ou une pandémie émergente en fournissant des informations utiles pour prendre des mesures de protection et de prévention. La diffusion d’informations de base (telles que le mode de transmission de l’agent pathogène, les conseils sur la gestion des soins aux patients, les pratiques à haut risque et les mesures comportementales de protection) peut réduire rapidement et de manière significative la transmission de la maladie. L’information doit être claire, simple et transmise par les canaux officiels : journaux, chaînes de télévision, sites Web et autorités de santé publique. À titre d’exemple, les décisions relatives aux vaccins peuvent être influencées par des opinions et des croyances susceptibles de se propager beaucoup plus rapidement que la maladie concernée. Les politiques de vaccination d’un grand nombre de pays se fondant sur le principe de libre consentement, il s’en est suivi une baisse de la couverture vaccinale et la résurgence de certaines maladies pouvant pourtant être contenues par la prévention.

Cependant, une multitude de changements de comportement peuvent réduire la propagation des maladies infectieuses : réduction du nombre de contacts potentiellement infectieux, port de masques faciaux, pratique d’une meilleure hygiène, etc. Une information et une sensibilisation adéquates en matière de propagation peuvent influencer les changements de comportement à l’égard des mesures de protection telles que le respect des mesures de quarantaine, la réduction des déplacements, la recherche plus précoce d’un traitement, etc.

Masque blanc médical de protection. Source : Getty Images.

La planification et la préparation aux pandémies sont des tâches relevant des gouvernements nationaux et des organisations internationales. Bien que l’OMS rédige des recommandations et des lignes directrices, il n’existe pas de système organisé mis en œuvre dans le monde entier pour évaluer le degré de préparation des différents pays aux épidémies ou de mesurer leurs capacités de réaction rapide.

La pandémie COVID-19 a révélé que les systèmes de santé de plusieurs pays riches n’étaient pas préparés et s’étaient retrouvés totalement débordés en raison du manque d’équipements de soins intensifs, de lits et autres ressources sanitaires. En fait, d’aucuns prédisaient que des pénuries se manifesteraient encore plus tôt dans la pandémie. L’OMS et la Banque mondiale n’ont eu de cesse de mettre en garde contre le risque de pandémie tout au long des années 2000 et 2010, en particulier après l’épidémie de SRAS de 2002-2004. En 2018, l’OMS a inventé le terme « maladie X » pour désigner « la certitude qu’une grave épidémie internationale pourrait être provoquée par un agent pathogène inconnue à ce jour comme étant à l’origine d’une maladie humaine » afin de concentrer la recherche et le développement sur les candidats probables à la prochaine pandémie inconnue. Les dissensions au sein de la communauté internationale et l’absence de collaboration adéquate affectent le degré de préparation à la survenance d’une grave épidémie internationale.

Un certain nombre d’organisations participent depuis des années à la préparation du monde aux épidémies et aux pandémies, en essayant de produire une plate-forme conçue pour affronter les maladies épidémiques émergentes comme la COVID-19. Cette plate-forme permettrait de développer rapidement un vaccin et de mener des recherches sur l’immunité en réaction aux flambées épidémiques.

 

Depuis plusieurs siècles, les scientifiques interprètent de mieux en mieux de nombreux aspects de l’univers, notamment l’orbite des planètes, le flux et le reflux des marées et la trajectoire des ouragans. La capacité d’appréhender suffisamment bien les systèmes naturels et physiques pour faire des prévisions précises constitue sans doute l’une des plus grandes réussites de l’humanité. Il existe cependant des limites à la prévision de la prochaine flambée épidémique, car les variables les plus importantes peuvent considérablement changer d’une flambée à l’autre.

Une maladie infectieuse est causée par un agent pathogène transmissible. Le caractère infectieux de cette maladie peut être résumé par un indice appelé « taux de reproduction de base » ou R0 qui désigne le degré probable de propagation d’un agent pathogène dans une population donnée.

Si les épidémiologistes en savent suffisamment sur le R0 d’un agent pathogène, on espère qu’ils pourraient prédire certains aspects de sa prochaine flambée et éventuellement empêcher que de petites flambées ne deviennent des épidémies à grande échelle. Ils pourraient y parvenir en mobilisant des ressources dans les zones où les agents pathogènes ont des valeurs de R0 particulièrement élevées ou en limitant les interactions entre les porteurs de la maladie et les membres les plus sensibles d’une société donnée, souvent les enfants et les personnes âgées.

Les caractéristiques d’une épidémie — et notamment la contagiosité de l’agent pathogène, le taux de transmission, la disponibilité des vaccins, etc. — changent rapidement au cours d’une même flambée. Souvent, les épidémies ne se présentent pas comme des phénomènes précis, mais comme des scénarios complexes dans lesquels nombre de variables jouent un rôle essentiel, mais fluctuant. Aucune vérité sous-jacente ne se cache sous une maladie, mais uniquement un ensemble instable de caractéristiques qui change et s’entremêlent souvent au fur et à mesure de la propagation.

La surveillance des maladies demeure un domaine scientifique de première importance. Une prise en compte attentive des circonstances uniques à l’origine de chaque épidémie et une collecte de données plus responsable pourraient sauver d’innombrables vies.

Des mesures préventives sont nécessaires pour éviter les pandémies, s’agissant notamment de réduire les causes des nouvelles maladies infectieuses et d’empêcher que flambées épidémiques et épidémies se transforment en pandémies. L’un des principaux moyens de prévention des pandémies consiste à investir dans la recherche, c’est-à-dire à identifier de nouveaux agents pathogènes. Certains scientifiques examinent des échantillons de sang provenant d’animaux sauvages pour détecter de nouveaux virus. Les mécanismes de détection des agents pathogènes peuvent contribuer à la construction d’un système d’alerte précoce conçu pour identifier les caractéristiques communes et mettre au point des contre-mesures et des vaccins contre des catégories entières de virus. Une mesure essentielle consiste à mettre au point des tests rapides ainsi que des stratégies de prévention, de détection précoce et de contrôle des maladies infectieuses. Garantir le niveau de biosécurité des laboratoires peut également s’avérer un élément essentiel de toute politique de prévention des pandémies. Les stratégies visant à contenir les chaînes de transmission peuvent inclure

Trafic aérien :

  • mettre en place des contre-mesures préventives ;
  • élaborer des recommandations concrètes à l’intention des exploitants d’aéroports et des compagnies aériennes ;
  • développer des technologies permettant de contrôler les personnes aux points de sécurité des aéroports, des thermomètres associés à des applications permettant de déterminer et cartographier les niveaux de fièvre inhabituels.

En outre, il conviendrait d’accélérer la création de nouveaux vaccins, médicaments et outils de diagnostic en matière de santé publique mondiale.

Soldat veillant à l’application de mesures de sécurité sanitaire. Source : Getty Images

L’atténuation est indispensable pour maintenir la mortalité au plus bas niveau possible et aussi pour permettre de maintenir les effets sur l’économie à des niveaux gérables. Les contre-mesures d’atténuation comprennent :

  • la quarantaine obligatoire ;
  • l’interdiction des réunions de masse ;
  • la fermeture des établissements scolaires ou des entreprises au sein desquelles des cas d’infection ont été identifiés ;
  • le confinement de ménages, de villages ou de villes.

 

Ces mesures empêchent la transmission des cas symptomatiques et non symptomatiques, ce qui a pour effet d’aplatir la courbe de l’épidémie afin de retarder le pic. La distanciation sociale procure aux services de santé le temps nécessaire pour traiter les cas et accroître leur capacité de réaction et, à plus long terme, pour mettre au point des vaccins et des traitements. Le comportement individuel revêt également une importance cruciale dans le contrôle de la propagation d’une infection. Dans les démocraties occidentales, l’action personnelle, plutôt que l’action gouvernementale, pourrait bien constituer le facteur le plus important ; l’auto-confinement précoce, la consultation médicale à distance (sauf en présence de symptômes graves) et la distanciation sociale sont des actes décisifs. Les actions de l’exécutif visant à interdire les rassemblements de masse ont leur importance, tout comme les stratégies de communication de l’exécutif ayant pour but d’informer le public sur la meilleure façon d’éviter l’infection sont primordiales.

Les autorités sanitaires nationales et internationales doivent agir sans délai pour ralentir la transmission et briser la chaîne de transmission, avant qu’une épidémie ne devienne une pandémie.

La détection, le suivi et la notification des premiers cas doivent intervenir rapidement si l’on veut pouvoir endiguer sans délai une pandémie. En définitive, la décision de lancer une opération d’isolement appartient aux autorités nationales. La stratégie d’isolement de base repose sur une approche géographique dans laquelle des médicaments antiviraux et des mesures non pharmacologiques sont utilisés dans une zone définie entourant les premiers cas afin d’empêcher le virus de se propager au-delà, les protocoles de l’OMS doivent servir de base aux pays dans l’élaboration de leurs plans et procédures opérationnels plus détaillés et orienter également les organisations internationales appelées à jouer un rôle important dans ces opérations. Ces protocoles seront mis à jour et révisés à mesure que de nouvelles informations deviendront disponibles et que des orientations et des outils plus détaillés seront élaborés. Les pays sont vivement encouragés à renforcer et à intégrer la planification de l’isolement dans leurs plans nationaux de préparation à une pandémie de grippe.

Dépistage. Source : Getty Images

Les pandémies posent des problèmes spécifiques pour ce qui est d’établir leur représentation visuelle à l’aide de diagrammes, barres et autres cartes. L’une des formes les plus courantes de visualisation de la tendance dans le temps d’une maladie dans une population est représentée par un graphique, dans lequel le nombre de nouveaux cas (incidence) est placé sur l’axe vertical et le temps sur l’axe horizontal. Le graphique obtenu à partir des données recueillies pendant une épidémie génère une « courbe épidémique » (qui gagne à être représentée par un diagramme à barres). La courbe épidémique fournit des indications précieuses sur le déroulement d’une épidémie et peut aider à répondre à des questions importantes : Quelle a été la voie de propagation de la maladie ? Quand l’exposition à l’agent pathogène a-t-elle eu lieu ? Quelle a été la durée d’incubation ? Y a-t-il eu des cas secondaires ? L’évolution de la maladie dans le temps, représentée par les barres ou par la forme de la courbe, peut également s’avérer utile pour élaborer des hypothèses sur la cause de la maladie et ses caractéristiques épidémiologiques, ainsi que pour faire des prévisions sur son évolution future.

Si les courbes épidémiques servent à représenter une maladie en fonction du temps, il existe des cas où il peut s’avérer utile d’illustrer également la répartition géographique (ou spatiale) de la maladie.

Lors d’épidémies passées, les autorités et les intervenants ont consulté les cartes pour obtenir des détails actualisés sur les cas confirmés, les populations les plus à risque et les ressources sanitaires disponibles ou requises.

La surveillance des maladies se fait désormais à partir de cartes en recourant à la technologie des systèmes d’information géographique (SIG) pour collecter, analyser et partager les données essentielles.

Dans les cas les plus simples, la distribution spatiale est synthétisée dans une carte indiquant la fréquence des cas existants à un instant donné (carte de prévalence) ou les nouveaux cas apparus au cours d’une période donnée (carte d’incidence).

La COVID-19 est une maladie infectieuse causée par un coronavirus récemment découvert.

Sélection de références

  1. OMS: “Managing epidemics key facts about major deadly diseases”, WHO,SBN 978-92-4-156553-0
  2. OMS : « SARS : How a global epidemic was stopped » (PDF) (consulté pour la dernière fois le 25 mars 2020).
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7.Cheng, et al. : « Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus as an Agent of Emerging and Reemerging Infection », Clinical Microbiology Reviews.20 (4): 660–694.doi:10.1128/CMR.00023-07.

 

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Ressources Web

OMS, Organisation mondiale de la santé

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